Le mythe de Génie


Les génies à travers les peuples

Les génies sont des divinités intermédiaires entre les hommes et les dieux, et dont le culte se trouve répandu chez toutes les nations, qui imaginèrent comme de concert ces êtres mystérieux. On les rencontre, sous des noms différents, dans toute l'antiquité, parmi les orientaux modernes, en Europe, même où la transformation qu'ils ont subie n'a guère été que nominale.
Les Dévatas et les Daitias des Hindous, les Izeds des Zends, les Djinns des Arabes, les esprits bons et malfaisants des sauvages, ne sont autres que les Genii ou Daimones de l'antiquité classique, avec quelques modifications dues au génie des divers peuples qui les regardent toujours comme présidant aux destinées de l'homme, soit que ces créatures immatérielles aient reçu de la puissance suprême la mission de veiller sur notre vie et quelquefois d'en entraver le développement normal, soit que, hommes comme nous, dans l'origine, les génies n'aient été préposés à la garde du monde humain qu'après avoir déposé leur enveloppe mortelle. Telle était la croyance des Grecs et des Latins, comme nous le verrons bientôt, et telle est encore celle des Chinois, chez lesquels chaque ville, chaque province a son protecteur, sous le nom de Chin-hoan, que chaque mandarin implore en entrant en charge.
Ces génies, invoqués par les peuples de l'empire carré, n'avaient pas d'abord de statues dans les temples. On ne croyait pas devoir un culte divin à des êtres supérieurs, il est vrai, à l'homme, mais seulement depuis l'époque de leur mort. On se contentait donc d'indiquer leur présidence par ces mots gravés en lettres d'or sur une tablette: « Ici est la demeure du gardien spirituel de la ville, de la province. » Plus tard, on introduisit leur représentation dans les édifices sacrés.


Les génies (dæmones) des Grecs

Homère ne parle nullement de démons ou génies présidant à la naissance de l'homme, ou qui, nés en même temps que lui, soient ses guides dans la vie. Dans ce poète, le mot dæmon désigne seulement la divinité qui décide de la destinée de chacun, le sort. Et il n'a pas d'autre signification dans les poètes postérieurs et plus particulièrement dans les tragiques. Hésiode fait seul mention de trente mille démons, serviteurs de Jupiter, et gardiens des mortels qui ne sauraient apercevoir leurs corps aériens. Ces génies sont les âmes des justes de l'âge d'or, et leur mission est de veiller à l'exercice de la justice.
Plus tard les philosophes ont singulièrement contribué au développement de cette idée. Leurs écrits représentent les dæmones comme des génies tutélaires attachés aux hommes dès l'instant de leur naissance, et les conduisant, après leur mort, au lieu du monde souterrain qu'ils doivent habiter. Ces esprits servent d'ailleurs d'intermédiaires entre les dieux et les hommes, portant les prières de ceux-ci dans les profondeurs du ciel, et rapportant en retour les faveurs des immortels. Si la croyance populaire avait adopté le nombre de génies que mentionne Hésiode, à coup sûr elle n'a jamais pu adresser qu'un hommage vague et général à cette myriade de messagers divins. Voici cependant les noms de quelques-uns d'entre eux tels qu'ils se trouvent dans les auteurs: Gigon, Tychon, Orthagès (démons de Vénus), Hadreus (démon de Cérès), Akratos (démon de Bacchus). On joint encore à ces génies les Corybantes, les Dactyles et les Cabires. Mais ceux-ci, admettant même qu'ils soient dieux inférieurs, spontanés et non divinisés après coup, ce qui est loin d'être prouvé, nous paraissent être d'un ordre analogue à celui des génies sans s'identifier avec eux.
Les démons qui partagent les sensations et les passions des hommes sont comme les Izeds et les Devs, bons ou malfaisants. Les uns inspirent à la vertu, les autres conseillent le mal.
Dans les auteurs des derniers temps, les âmes des morts prennent toujours le nom de dæmones, ce qui, joint à d'autres inductions, ferait penser que cette conception générale des génies n'est que l'idée mal interprétée de l'existence de l'âme après la mort. L'art grec n'a jamais représenté les génies tutélaires des hommes ou des lieux.


Les génies des Etrusques

Bien que le mot génius, qui, suivant saint Augustin, provient du latin gignere (créer), n'ait pas son étymologie dans la langue étrusque, il n'en est pas moins vrai cependant que le culte des génies formait une partie essentielle de la religion de ces peuples. Issus des dieux, les génies étaient, suivant eux, pères des hommes. C'est par leur moyen que Jupiter envoyait une âme à l'enfant qui naissait. Et il les chargeait de veiller au bien-être et à la prospérité des familles. Tous n'étaient pas, du reste, au service du maître des dieux. Il y en avait d'autres qui servaient Neptune et les dieux du monde inférieur.


Les génies des Romains

Chez les Romains, le génie était un être en général bienfaisant, quoiqu'on pût naître iratis geniis, qui présidait à la naissance et à la vie de chaque homme, vivant et mourant avec lui. jouir de tous les plaisirs de la vie épicurienne, c'était plaire au génie, tandis que celui qui se créait des chagrins volontaires ou laissait sombrer son âme sous quelque contre-temps affligeait son génie.
On voit que la conception primitive n'a plus de caractère chez les Romains, qui ont fait du génie une sorte de mannequin subordonné à la volonté de l'homme, et qui semble n'avoir de volonté que pour les plaisirs sensuels. On lui rendait cependant un culte habituel, emprunté aux formes de la religion étrusque. Honoré surtout aux anniversaires des naissances, on lui offrait du vin, des fleurs, des gâteaux, mais jamais le sang ne coulait sur ses autels. Les génies étaient représentés sous la forme de jeunes hommes tenant d'une main une coupe ou une lance, de l'autre une corne d'abondance.
De même que les individus, les villes, les royaumes, les édifices, avaient aussi leurs génies tutélaires, qui subsistaient conjointement avec eux. Ces genii locorum étaient représentes, le plus habituellement, sous la figure de serpents dévorant des offrandes de fruits.

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