Le mythe de Pan


Une divinité rurale

Pan est un dieu rural, inconnu à Homère et Hésiode, et dans lequel les mythographes et les philosophes de l'école d'Alexandrie ont vu le symbole de l'Univers.
Rien de plus confus et de plus contradictoire que ce qui regarde sa naissance. Il est fils de Mercure et de Dryops, selon l'hymne homérique ; de Jupiter et de Callisto ou d'Œnéis, ou de Thymbris ou d'Hybris, selon Théocrite ; de Mercure changé en bouc, et de Pénélope, selon Hérodote ; ou de la même et d'Ulysse, selon Servius ; ou de la même encore et de tous les prétendants, selon Lykophron ; de l'Éther et d'Œnéis ou d'une Néréide ; d'Uranus et de la Terre.
Quelques mythologues ont voulu distinguer deux Pan: l'un né de la nymphe montagnarde Sosa, l'autre de Pénélope. Il vint au monde avec les jambes, les cornes et le poil du bouc. Sa mère s'effraya de cette bizarre conformation, mais Mercure l'emporta dans l'Olympe, où il fit rire tous les dieux. Pan fut élevé par Sinoé et par les nymphes.


Un dieu pasteur et musical

Dieu local de l'Arcadie, il y était adoré comme présidant aux bois et aux pâturages et comme protégeant les bergers. Les grottes lui servaient de demeure, ainsi que les roches et les vallées boisées, où il s'amusait à chasser et à former des danses avec les nymphes. En sa qualité de dieu pasteur, il protégeait le bétail, veillait à la fécondité des troupeaux, et, chasseur lui-même, faisait tomber les animaux des bois sous les coups des chasseurs. Il veillait aussi sur les ruches et présidait à la pêche. De là ses surnoms de riverain, et de protecteur des abeilles.
A ces diverses attributions, qui se tiennent étroitement entre elles, se joint un autre élément caractéristique, celui de dieu musical. Ainsi les traditions vulgaires attribuaient à Pan l'invention de la conque marine, du chalumeau, et, suivant Bion, de la flûte. Lors de la guerre des Titans, il imagina de souffler dans de grosses coquilles éparses sur le rivage, et sa voix, déjà terrible, devint si effrayante, que les Titans s'enfuirent épouvantés. De là l'usage de la conque. Fier de son talent musical, Pan osa un jour défier Apollon. Un concours eut lieu, en Asie Mineure, devant le Tmole, qui prononça en faveur du fils de Latone. Pan lutta ensuite contre Éros, et ne fut pas plus fortuné. Ce dieu lui inspira une passion malheureuse pour Syrinx.
On attribue encore à Pan l'invention de l'ordre des batailles, mais ceci s'éloigne entièrement du caractère rural donné au dieu arcadien, dans l'origine. Il faut y voir sans doute quelque allusion forcée aux ailes des armées (en grec Kerata, qui signifie aussi cornes).


Un dieu fatidique et qui fait peur

Comme tous les dieux sylvains, Pan passait pour une divinité qui s'amusait à causer des peurs subites aux voyageurs, à ceux qui s'égaraient dans les bois, etc. On racontait que, peu avant la bataille de Marathon, il était apparu aux ambassadeurs athéniens, et leur avait promis d'effrayer les Mèdes si on voulait l'adorer en Attique. On disait encore que lorsque les Gaulois, conduits par Brennus, traversaient la Phocide pour venir piller le temple de Delphes, une terreur panique les arrêta. Aussi les Grecs lui donnaient-ils une voix discordante, le plaçaient-ils au nombre des suivants de Cybèle et de Bacchus, et le nommaient-ils ami du bruit, Philocrotos. Pan s'enfuit cependant devant Typhon, et se métamorphosa alors en un bouc pisciforme, qui fut placé, plus tard, parmi les constellations.
Pan apparaît souvent comme dieu fatidique. Il enseigna, dit-on, la divination à Apollon lui-même. Dieu-sylvain, il eut de la nymphe Echo un fils nommé Iynx, et aima Pitys, métamorphosée en pin, ainsi que la Lune. Dieu musical et danseur, il obtint les faveurs de Pitho et de Syrinx. On lui donne encore pour maîtresse Éga, dont il eut Égipan.
Suivant la mythologie égypto-grecque, Pan et les pans, accompagnèrent Osiris dans son expédition en Orient. Une tradition célèbre, mentionnée dans Plutarque, rapporte que, sous le règne de Tibère, un vaisseau se trouvant le soir auprès de l'une des îles Échinades, le capitaine Thamus entendit une voix souterraine l'appeler trois fois par son nom. Ayant répondu au dernier appel, la voix mystérieuse ajouta: « Annonce à Palode que le grand Pan est mort. »


Le culte de Pan

Le culte de Pan, inconnu en Grèce au temps d'Homère et d'Hésiode, paraît être originaire d'Arcadie, et s'être répandu dans les contrées helléniques par Épiménide. Nous avons vu que les Athéniens, quelque temps avant la bataille de Marathon, ignoraient le nom de Pan. On l'adorait principalement en Arcadie à Hérée, sur les monts Nomiens et Parthénien, sur le Ménale, à Mégalopolis, à Acacésium, où un feu éternel brûlait dans son temple, qui possédait un oracle. Il était vénéré aussi à Trézène, aux sources de l'Érésinus dans l'Argolide, à Sicyone, à Oropus, à Athènes, qui lui avait dédié un antre près de Marathon où un groupe de rochers portait le nom de troupeau de Pan, à Salamine, sur le Parnasse, à Homole en Thessalie.
Profondément altéré par les rêveries mystiques des philosophes de tout âge, le culte de Pan parvint à Rome, et s'y modifia encore lorsque les Latins eurent identifié la divinité grecque avec leurs dieux Inuus et Faune. On célébrait en son honneur diverses fêtes. Les plus remarquables sont les Lycées et les Lupercales. Des vaches, des boucs, des agneaux, du lait, du miel, figuraient dans ses sacrifices. Le pin lui était consacré.
On l'honorait souvent en commun avec Bacchus et les nymphes.


Les représentations de Pan

L'art a représenté Pan, conformément aux récits des poètes et des mythologues, tantôt dansant, tantôt jouant du chalumeau. Son corps est couvert d'une nébride et sa tête supporte une couronne de pommes de pin. Outre le chalumeau, il a pour attribut le pédum. Une médaille d'Olympie le représente imberbe et nu.

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