Le mythe de Éleusinies


Des fêtes en l'honneur de Cérès

Les Éleusinies étaient des fêtes célébrées tous les ans en l'honneur de Cérès et de Proserpine, et dont l'origine remonte à la plus haute antiquité. On leur donnait le nom de mystère, initiation. En effet, plus qu'aucune autre, ces cérémonies avaient un caractère solennel et mystérieux. Cérès y était adorée sous le nom d'Achthéia. On enjoignait le plus grand secret aux initiés. Ceux qui avaient parlé indiscrètement étaient bannis de la société.


L'initiation aux mystères

Quelques passages obscurs des auteurs anciens semblent indiquer que les mystères révélés aux croyants se rapportaient aux espérances de la vie future. Aussi, les Athéniens accouraient-ils en foule à ces cérémonies, et falsaient initier, non-seulement leurs femmes, mais même leurs enfants. L'examen le plus sévère présidait à l'admission de ceux qui désiraient participer à la connaissance des mystères.
Le temple était impitoyablement fermé aux homicides, même involontaires, aux enchanteurs, aux scélérats, aux épicuriens. La qualité d'étranger était suffisante pour faire prononcer l'exclusion. Ainsi l'on voit, dans temps héroïques, Hercule, Castor et Pollux être obligés de se faire recevoir citoyens d'Athènes, pour pouvoir prendre le titre de Mystæ (initiés).


Les neuf jours de l'initiation

Les Élensinies se divisaient en grands et petits mystères. Les premiers avaient lieu au mois de septembre. Les autres, célébrés au mois de février, n'étaient qu'une sorte d'initiation préparatoire à la grande initiation éleusinienne.
Les candidats se rendaient à Agra, où ils offraient aux dieux, des prières et des sacrifices pendant neuf jours, portant un costume sacramentel, et ayant à leurs pieds le dioscodion (toison de Jupiter). Des ministres, appelés hydrani, assistaient dans leur purification.
Un an après cette initiation préalable, les Mystæ offraient un porc à Cérès, et étaient admis à la participation des grands mystères, dont la célébration durait neuf jours. Le premier s'appelait Argomos, parce que c'était celui où les initiés se trouvaient tous rassemblés. Le second avait le nom d'Haladé Mystæ (à la mère des initiés): les candidats marchaient processionnellement jusqu'à la mer, le long de deux canaux qui séparaient le territoire d'Athènes du sol d'Éleusis, et dans lesquels ils se purifiaient par de longues ablutions. Le lendemain était un jour de jeûne. Le soir seulement on mangeait des gâteaux de sésame. On ne sait pas d'une manière certaine quelle cérémonie avait lieu le quatrième jour. Quelques-uns pensent que c'était la pompe sacrée du calathe, ou corbeille de Cérès, portée a solennellement sur un char. Le cinquième jour était le jour des flambeaux (Lampadophories), dans lequel les initiés défilaient processionnellement une torche à la main, en mémoire de ce que Cérès avait cherché sa fille à la lueur d'une torche, sur le mont Etna. Le sixième jour, nommé Iacchos, on couronnait de myrte l'image d'Iacchos, fils de Céres, et on l'apportait du Céramique à Éleusis.
C'était dans ce jour, ou dans la nuit du sixième au septième, qu'avait lieu l'initiation proprement dite, qui consistait en scènes de fantasmagorie, en rapides alternatives de lumière et de ténèbres. Les portes du temple, s'ouvrant avec fracas, laissaient voir aux Époptes des fantômes à figures monstrueuses, des lueurs éblouissantes et fugitives, que remplaçait bientôt une ombre épaisse, spectacle effrayant, dont des hurlements inconnus et des roulements semblables à celui du tonnerre venaient augmenter l'horreur. Tout à coup les portes de l'adyte s'ouvraient à deux battants, et la statue de la déesse apparaissait au milieu d'une lumière éclatante: c'était là l'Autopsie, dernière cérémonie de l'initiation, à la fin de laquelle l'hiérophante prononçait ces mots barbares: Komx Ompax, dont le sens est inconnu.
Le septième jour on célébrait des jeux dans lesquels le prix du vainqueur était une mesure d'orge. Le lendemain, on initiait les retardataires. Ce jour se nommait Épidaurion, en mémoire d'Esculape, qui, venant d'Épidaure pour se faire admettre à la participation des mystères, n'arriva à Éleusis que le huitième jour. Le neuvième et dernier jour de la fête portait le nom de Plémochoé, c'est-à-dire vaisseau de terre, à cause des deux vaisseaux remplis de vin qu'on renversait, l'un du côté du levant, l'autre du côté du couchant.


Les officiers de l'initiation

Le ministre qui présidait à l'initiation s'appelait l'hiérophante. Il devait se vouer à un célibat éternel. Assis sur un trône dans l'intérieur du temple, il avait auprès de lui le Dadouque, qui partageait sa présidence. Après eux venait l'hiérocéryx, qui veillait à ce qu'aucun profane ne pénétrât parmi les initiés. Le quatrième et dernier officier supérieur administrait à l'autel sous le nom d'Épibome. Les officiers d'un ordre inférieur étaient l'archonte-roi, les quatre épimélètes, et les dix hiéropoioi.


Des célébrations sacrées

Le temps de la célébration des fêtes d'Éleusis était une époque sacrée. Le magistrat ne pouvait attenter à la liberté d'aucun coupable. Nulle requête n'était admise en justice. Les fèves et le millet consacrés à Cérès étaient absolument proscrits. Enfin, une amende de mille drachmes frappait la femme qui se serait fait conduire en char à Éleusis, le but de ces processions étant de rappeler les courses de Cérès.
Transportées d'Éleusis à Rome sous le règne d'Adrien, les Éleusnies subsistèrent avec la même pompe jusqu'au règne de Théodose le Grand, qui les abolit entièrement.

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