Le mythe de Enfers (ou Hadès ou Aïdès ou Inferi)


Le dieu ou le lieu des enfers

Le mot que les auteurs grecs emploient indifféremment pour désigner le dieu des enfers ou le lieu de son séjour, n'a presque jamais dans Homère cette dernière signification. Quand ce poète veut mentionner la redoutable demeure de Pluton, il emploie habituellement les expressions maison, portes, résidence d'Aïdès, exprimant ou sous-entendant les premiers mots, et ne laissant subsister que le nom propre. Quelquefois, mais plus rarement, on trouve Aïdès sous une forme dative pour désigner l'enfer, sur lequel Homère rapporte deux mythes très différents.


Le premier mythe homérique

L'Enfer est un lieu souterrain où séjournent les morts et où Aïdès a sa résidence. C'est là que le dieu infernal règne sur le peuple des ombres. Il craint, quand parfois Neptune agite trop violemment la terre, qu'il ne se fasse au-dessus de lui quelque crevasse par laquelle les dieux et les hommes plongeraient leurs regards indiscrets.
Pénélope, désirant ardemment la mort, s'écrie: « Ah! que je puisse disparaître sous terre, emportant dans mon cœur l'image d'Ulysse! » C'est cette demeure souterraine qui n'a pas d'entrée particulière. On peut s'y rendre indifféremment de tous côtés, comme le fait l'âme de Patrocle, qui, échappant à l'étreinte d'Achille, s'échappe comme une fumée, et s'enfuit sous terre avec un bruit aigu. Le Styx est le seul fleuve qui le traverse, et tel est l'aspect effrayant de ce domaine, qu'il inspire de la terreur même aux dieux immortels.


Le second mythe homérique

La seconde tradition suivant laquelle Homère représente l'enfer, et qui résulte de l'idée qu'il avait de la constitution de notre globe, est que le royaume d'Aïdès se trouve au delà du fleuve de l'Océan, dans la région ténébreuse de l'Occident, ou Hélios n'envoie plus ses rayons. Car, ne connaissant qu'une partie de notre hémisphère, il bornait la terre aux rochers de l'Atlas et aux plaines de l'Espagne, s'imaginant que le ciel ne couvrait que cette partie du globe, et qu'une nuit éternelle et affreuse régnait au delà.
« En partant d'Æa, ditHomère, en laissant l'Italie et la Sicile derrière soi, et en dirigeant sa course vers l'est, on arrivera, si le vent souffle du nord-est, après une bonne journée de chemin, au rivage de Proserpine. C'est là qu'est la triste demeure d'Aïdès, où le Pyriphlégeton se jette dans l'Achéron, et où coule le Cocyte, bras du Styx. Tout près du rivage, on voit la prairie d'Asphodèle, où se promènent les morts. Derrière cette prairie se trouve l'Érèbe, l'endroit le plus obscur de ce sombre royaume. »
Homère ne fait pas mention d'une gorge ténébreuse par laquelle ceux qui s'y rendaient devaient nécessairement passer, ainsi que le lit Hercule, suivant des traditions postérieures. Dès qu'Ulysse a traversé l'Océan, il est dans l'empire des morts. Il y voit les ombres des héros et des héroïnes, mais non pas Aïdès, ni Proserpine, ni les Harpies, ni Cerbère, ni les Furies, car ces divinités résident dans les profondeurs de l'Érèbe. Il ne lui est permis d'apercevoir que Minos jugeant les morts, Orion chassant un gibier fantastique, Tityus et Tantale, etc. Le soleil ne brille jamais dans ce triste séjour, où le vent fait cependant flotter quelques nuages. La vie y est monotone et triste, même pour celui qui, comme Achille, règne sur les ombres.
Quelle liaison a maintenant cet empire occidental de Pluton avec l'empire souterrain, c'est ce qu'Homère n'explique nullement, quoiqu'on les voie exister conjointement chez lui et communiquer entre eux. Ainsi Mercure conduit dans l'enfer occidental les ombres des combattants, qui bientôt après s'entretiennent avec Agamemnon dans les profondeurs de la terre. Quant aux ombres elles-mêmes, on peut les voir mais non les toucher. Elles peuvent pousser des cris, et, quoique sans connaissance du présent, elles se rappellent le passé. Ainsi plusieurs d'entre elles reconnaissent Ulysse, les unes avant d'avoir goûté le sang du sacrifice, les autres après s'en être enivrées.
Quelques-unes, privées de sépulture, ne peuvent passer l'Océan. D'autres, qui, comme celles-ci, n'ont pas reçu les honneurs dus aux morts, sont cependant accueillies aux enfers, ou seules, ou amenées par Mercure. Du reste, tout ce qu'Homère nous rapporte sur l'état des ombres est plein de contradictions, comme cela a toujours lieu dans les croyances populaires.


Les traditions postérieures à Homère

L'opinion d'Hésiode sur les deux royaumes d'Aïdès est conforme à celle du père de la poésie épique. Plus tard, lorsque les Grecs eurent une notion plus exacte de la géographie, ils placèrent les enfers dans les profondeurs de la terre, et il les nommèrent Hadès. Aux personnages et aux fleuves qu'Homère mentionne, ils ajoutèrent encore Éaque, Rhadamanthe et Charon, ainsi que le fleuve Léthé.

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