Le mythe de Minos


Le fils de Jupiter

Minos est un célèbre législateur et roi de Crète, dont l'histoire offre beaucoup de confusion. Homère et Hésiode ne connaissent qu'un personnage du nom de Minos. Ils le donnent comme un roi de Cnosse, fils et ami de Jupiter, et racontent en partie de lui ce que les auteurs postérieurs rapportent aux deux individus en lesquels ils ont scindé le Minos primitif.
Minos est roi de Crète, fils de Jupiter et d'Europe, frère de Rhadamanthe (et de Sarpédon, suivant Apollodore), et père de Deucalion et d'Ariadne. Après sa mort, il fut établi juge aux enfers. Les traditions homériques ne disent rien de plus sur Minos. Virgile le peint agitant dans sa main l'urne fatale où est renfermé le sort de tous les mortels, citant les ombres à son tribunal, et soumettant leur vie entière au plus sévère examen.
Voici ce que rapporte Diodore: Tectamus, fils de Dorus, vint avec une colonie d'Éoliens et de Pélasges s'établir en Crète. Nommé roi de cette île, il épousa la fille de Créthée, dont il eut Astérius. Pendant le règne de celui-ci, Jupiter arriva en Crète avec Europe, et la rendit mère de Minos, de Sarpédon et de Rhadamanthe. Dans la suite, Astérius ayant épousé Europe, adopta ces trois enfants. Minos lui succéda sur le trône, et prit pour femme Itone, dont il eut Lycaste. De ce dernier et d'Ida, fille de Corybas, naquit Minos II.


Minos II

Minos II est le petit-fils de Minos, et le fils de Lycaste et d'Ida. Ilest également le mari de Pasiphaé. On le dit quelquefois aussi fils de Jupiter. Astérion étant mort sans enfants, on voulut refuser à Minos, qui avait déjà, à ce qui paraît, écarté ses frères par la force des armes, le royaume de Crète. Il dit que les dieux le lui avaient donné, et, pour le prouver, il ajouta qu'il obtiendrait d'eux ce qu'il leur demanderait. Faisant alors un sacrifice à Neptune, il le pria de faire sortir de la mer un taureau, promettant de le lui sacrifier. On vit apparaître sur le rivage un taureau blanc d'une grande beauté, et la couronne fut adjugée à Minos. Mais le monarque mit le taureau dans ses pâturages, et en sacrifia un autre. Neptune, irrité, rendit Pasiphaé amoureuse de cet animal. Cette union donna naissance au Minotaure, que Minos tint enfermé dans le labyrinthe.
Auparavant le roi de Crète avait eu de Pasiphaé, ou de Créthée, fille d'Astérius, quatre fils: Catrée, Deucalion, Glaucus et Androgée, et quatre filles: Acacallis, Xénodice, Ariadne et Phèdre. Il eut aussi de la nymphe Paria, Eurymédon, Néphalion, Chrysès et Philolaüs ; et de Dexithée, Évanthius. On lui donne encore pour enfants Euryale et Pholégandros. Amoureux de Procris, qui s'était réfugiée auprès de lui pour éviter la colère de son mari, irrité de ce qu'elle s'était livrée à Ptéléon, il obtint ses faveurs en lui donnant un chien très léger à la course et un javelot qui ne manquait jamais son coup.
L'un des fils de Minos, Glaucus, étant mort étouffé dans un tonneau de miel, son père le fit rappeler à la vie par le devin Polyidus. Il fut moins heureux lors du meurtre de son fils Androgée, dont il ne put que venger la mort. Lorsqu'on lui annonça la perte qu'il venait de faire, il offrait un sacrifice aux Grâces dans l'île de Paros. Il ôta aussitôt la couronne qu'il avait sur la tête, fit taire les instruments, et continua cependant le sacrifice. Depuis cette époque, les Pariens sacrifièrent aux Grâces sans se couronner de fleurs.
Peu de temps après, Minos vint avec une flotte assiéger Athènes, prit Mégare, où régnait Nisus, qui périt par la trahison de sa fille, et tua Mégarée, fils d'Hippomène, qui était venu d'Oncheste au secours de Nisus. Cependant comme la guerre traînait en longueur, le roi de Crète pria Jupiter de se charger de sa vengeance. Une peste frappa alors les Athéniens, qui, après avoir vainement sacrifié les Hyacinthides pour détourner le fléau, reçurent ordre de l'oracle, d'envoyer à Minos tous les ans, tous les trois ans, ou seulement tous les neuf ans, sept jeunes gens et sept vierges, pour servir de pâture au Minotaure renfermé dans le labyrinthe, inextricable dédale d'où nul ne pouvait sortir. Les Athéniens payèrent deux fois ce tribut. Ils allaient s'y soumettre pour la troisième fois, lorsque Thésée s'offrit à aller combattre le monstre anthropophage.
Suivant une tradition rapportée par Pausanias, Minus amena lui-même d'Athènes en Crète le tribut destiné au Minotaure, l'année où Thésée en faisait partie. En discussion avec celui-ci, à cause de Péribée, qu'il aimait, il reprocha au jeune homme de n'être pas le fils de Neptune, et lui dit qu'il n'oserait pas plonger dans les eaux pour en retirer son anneau qu'il venait d'y jeter. Thésée se jeta immédiatement dans la mer, et reparut bientôt tenant l'anneau de Minos et une couronne d'or dont Amphitrite lui avait fait présent. Furieux cependant de la fuite de Dédale, le roi de Crète le poursuivit jusqu'en Sicile. Mais l'habile artiste s'était acquis la faveur de Cocalus, qui fit étouffer Minos dans un bain. On montrait le tombeau du monarque en Crète.


La distinction le mythe et la réalité

Nous venons d'esquisser à grands traits la vie du souverain crétois telle qu'elle nous a été transmise par les poètes et les mythologues de l'antiquité, mais nous n'avons montré ici Minos que sous sa face mythologique. Il importe d'ajouter maintenant quelques faits qui appartiennent à l'histoire de la Crète, soit qu'on les rapporte au premier Minos, soit qu'avec la plupart des auteurs on les regarde comme devant être attribués à Minos II.
Cette distinction est au fond peu essentielle. L'histoire, telle qu'on la peut dégager des mythes, où elle se révèle sous une forme exclusivement poétique, procède suivant des lois qui n'ont rien à faire avec la chronologie. Au lieu de dates, diverses nuances d'idées caractérisent de plus en plus le développement des mœurs, des arts, de la civilisation en général. Tel est le véritable point de vue auquel il faut se placer pour comprendre quelque chose à la symbolique ancienne.
Instruit par Jupiter lui-même dans la science du gouvernement, Minos donna des lois aux Crétois, partagea son royaume en trois districts ayant chacun leur capitale, et assura à la Crète la prépondérance maritime sur toutes les îles de la mer grecque. Un pouvoir si merveilleux ne pouvait avoir une origine naturelle. Les Crétois disaient partout que Minos avait, tous les neuf ans, un entretien avec Jupiter dans la grotte sacrée du dieu. C'était là qu'il recevait des instructions pour les transmettre ensuite au peuple. Les anciennes traditions s'accordent à représenter Minos comme un législateur sage et juste. L'école d'Alexandrie, mêlant sans doute les légendes athéniennes avec de ridicules hypothèses échafaudées sur l'épithète par laquelle Homère le désigne, a fait du civilisateur de la Crète un tyran inique et cruel.

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