Le mythe de Neptune (ou Poséidon ou Neptunus)


L'expansion du culte de Neptune

Si l'on en croit Hérodote, le culte de Neptune, originaire de la Lybie, ainsi que le nom même du dieu, se propagea ensuite dans des contrées helléniques. Il est plus probable, comme nous avons déjà essayé de le prouver à propos de la Minerve Tritonide, que ce furent au contraire les Grecs qui portèrent en Lybie leurs dieux et leurs mythes, par le canal des émigrants Minyens.
Neptune paraît avoir été, dans l'antique religion des Pélasges, une personnification du principe humide, source de toute fécondité. Regardé par les Ioniens comme dieu de la mer, son culte, issu de l'occident, gagna peu à peu du terrain, et, s'étendant enfin jusqu'à l'orient, couvrit l'Hellade entière. Les Romains, en apprenant à connaître le Poséidon grec, dont le cheval, par une symbolique d'idées particulières ignorées aujourd'hui, était l'attribut, identifièrent la nouvelle divinité avec leur Neptunus, dieu des chevaux, analogue à Consus, et peu à peu Consus, Neptunus et Poséidon ne firent plus qu'un seul et même dieu.


La naissance de Neptune

Suivant les poètes et les mythologues grecs, Neptune était le fils de Saturne et de Rhée, ainsi que le frère de Jupiter et de Pluton. Il fut dévoré par son père le jour de sa naissance et rendu peu après à la vie par la vertu d'un breuvage que Métis administra à Saturne, selon Apollodore. Pausanias dit que sa mère le cacha au milieu d'un troupeau d'agneaux et fit croire à Saturne qu'elle était accouchée d'un poulain, qu'elle lui donna à dévorer. En mémoire de cet événement, on donna le nom d'Arné (fontaine des agneaux) à une source située près de Mantinée, où Rhée avait caché le dieu. Suivant Tzetzès, le nom d'Arné était celui de la nourrice de Neptune. Enfin Diodore rapporte que sa mère le confia à Caphira et aux Telchines.
Tous ces détails n'appartiennent nullement à la mythologie homérique. C'est le caractère principal des traditions qui ne remontent pas à une haute antiquité, de détailler chaque partie des mythes avec une prolixité fatigante, de multiplier les faits aux dépens de la grandeur de l'ensemble. Les poètes ne regardent plus alors les conceptions primitives que des comme cadres dans lesquels ils peuvent laisser libre jeu à leur imagination.


Les combats de Neptune

Maître de la mer, qui lui échut en partage par le sort, Neptune est, suivant Homère, l'égal de Jupiter en dignité, quoiqu'il lui soit inférieur en pouvoir. Il gémit de cette supériorité, et s'emporte quand le maître de l'Olympe lui parle en roi. Il va même jusqu'à conspirer avec Junon et Minerve contre la suprême puissance. On le voit cependant se montrer, en quelques occasions, serviable envers son frère. Ainsi, il lui dételle ses chevaux.
C'est dans les profondeurs de la mer Égée que Neptune a sa résidence. Là, il tient sous le joug ses coursiers impétueux, à la corne d'airain, à la crinière d'or, au vol impétueux. Veut-il quitter son humide séjour, « alors, dit le poète, se couvrant d'une armure d'or, il prend un fouet industriellement formé et, montant sur son char, il rase la plaine liquide. Les monstres, sortis du fond des abîmes, sautent autour de lui et reconnaissent leur roi. L'océan triomphe, ouvre çà et là devant lui ses ondes: le char vole avec légèreté, sans que l'essieu d'airain soit mouillé par les flots. »
Dans Apollonius, c'est Amphitrite qui est chargée d'atteler son char. Irrité contre Laomédon, qui s'était parjuré, Neptune se rangea du côté des Grecs, lors de la fameuse expédition contre Troie. Tantôt, assis sur le sommet de quelque haute montagne, il contemple les efforts des assaillants, tantôt, revêtu de formes humaines, il se mêle aux combattants, et effraye les Troyens. C'est à lui que ceux-ci durent la défaite qu'ils éprouvèrent lorsque Junon eut endormi Jupiter sur l'Ida.
Dans le combat des dieux, le souverain des mers eut pour adversaire Apollon, qui n'osa pas lutter contre son oncle. La dixième année du siège, Neptune, jaloux de ce que les murs dont il avait entouré Troie devaient être renversés, tandis que les Grecs élevaient orgueilleusement un rempart en face de la ville, détruisit ce retranchement avec l'aide d'Apollon. Plus tard, il poursuivit de sa vengeance le fameux Ulysse, qui avait privé de la vue son fils Polyphème.
Neptune aida Jupiter combattre les Titans, et, dans la gigantomachie, il tua Polybotès en le poids de l'île de Cos. Lorsque Hercule défit les Centaures, il les cacha dans la montagne Eleusine. L'un des prétendants de Thétis, il se retira après la prédiction de Thémis. C'est lui qui envoya à l'Attique le terrible taureau de Marathon, et à la Crète le taureau, père du Minotaure.
Il donna à son fils Périclymène la faculté de prendre toutes sortes de formes, changea Hiérax en oiseau de proie, Cœnis en homme, son amante Alope en source, et Théophane en brebis.


Ses différents avec plusieurs divinités

Les autres traditions relatives à Neptune, et dont Homère ne fait pas mention, sont en assez grand nombre. Nous ne rapporterons que les plus remarquables. En sa qualité de dieu des eaux, d'où sortent les continents, le souverain apparaît souvent en lutte avec diverse divinités locales. Lorsque les dieux résolurent sous le règne de Cécrops, de s'approprier certaines villes de l'antique pays d'Acté, Neptune vint le premier dans l'Attique, et, en lutte avec Minerve, perdit sa cause d'après l'arrêt des dieux.
Suivit d'autres, ce fut à cette occasion que Neptune fit apparaître le cheval. Jupiter ayant déclaré que la prééminence appartiendrait à celui des deux contondants qui aurait fait le présent le plus utile aux hommes, Minerve l'emporta en faisant don aux Athéniens de l'olivier. Neptune, irrité, submergea tout l'Attique. On dit aussi que se fut en Thessalie qu'il créa le cheval, lequel joue un grand rôle dans les mythes du dieu, comme le prouvent de nombreux surnoms (Hippios, Hippéios, Hippios Anax, Hippocourios, Hipparchos, Hippégétès), l'attribution de l'invention de l'attelage, de la course en char, sa métamorphose hippique pour posséder Cérès, dont il eut le cheval Arion, etc.
Neptune eut encore un different avec Minerve, à propos de la possession de Trézène. Jupiter les concilia en leur attribuant cette ville en commun. Il disputa Corinthe au soleil, Égine à Jupiter lui-mème, Naxos à Bacchus, et l'Argolide à Junon. Il fut débouté de ses prétentions sur ce dernier pays par l'arbitrage d'Inachus, du Céphise et d'Astérion, et se vengea en desséchant les sources des deux fleuves. Dans l'origine, Delphes lui appartenait en commun avec Gé. Plus tard, Apollon lui donna en échange l'île de Calaurée.


Le culte de Neptune

Corinthe célébrait en l'honneur de Neptune les jeux isthmiques, et Athènes lui avait consacré, ainsi qu'à Thésée, le 8 de chaque mois. A Mycale, sa fête portait le nom de Panionia. A Rome, on l'adorait dans les Consuales et dans les Neplunales. Les animaux qui figuraient dans ses sacrifices étaient le taureau, le sanglier et le bélier. Les Argiens jetaient en son honneur dans les sources des chevaux garrottés. Suivant Plutarque, son culte était quelquefois joint à celui de Cérès Thesmophore. Le pin lui était consacré.


Les représentations de Neptune

L'art plastique des anciens, qui se plaisait à figurer Neptune au milieu des divinités marines soumises à sa puissance, ne lui a jamais donné les traits calmes et majestueux de Jupiter, mais plutôt une physionomie analogue en quelque sorte à l'aspect de l'élément qu'il représente. Aussi son attitude exprime-t-elle tantôt le repos, tantôt une vive agitation. Le plus souvent il est nu, mais on le voit quelquefois avec la chlamyde ou le manteau.
Ses attributs principaux sont le trident, le cheval et le dauphin. Ce dernier ne se voit pas sur les monuments de l'ancien style. Une médaille d'argent de Titus représente Neptune foulant un globe.

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