Le mythe de Sérapis

Sérapis est un dieu égyptien, sur l'origine et les attributions duquel les mythographes ne s'accordent nullement. Les syncrétistes gréco-romains l'identifièrent de bonne heure avec Pluton, Jupiter et le Soleil, ce qui ne jette aucun jour sur la question. Pour la débrouiller un peu, il est nécessaire de remarquer que de tout temps deux opinions opposées se sont combattues quant à l'antiquité du dieu et à son autochtonéité:

  • La première voit dans Sérapis un dieu purement égyptien. Elle appartient presque exclusivement aux modernes, appuyés cependant sur un petit nombre de témoignages antiques.
  • La seconde, toute contraire, est celle des historiens et mythologues de la Grèce et de Rome.

Nous allons exposer les fondements sur lesquels cette dernière s'appuie, et nous examinerons ensuite leur valeur.


L'origine de Sérapis

D'abord, il a été jusqu'ici impossible de découvrir des images de Sérapis dans les monuments mêmes de l'Egypte. Hérodote, qui est entré dans les plus grands détails sur la religion de ce pays, ne dit rien du dieu qui nous occupe. Il semble donc d'origine moderne. En effet, suivant Tacite, Ptolémée Soter importa ce dieu de Sinope, ville du Pont. Le témoignage est formel. Mais ne saurait-on l'infirmer ou du moins l'expliquer? Remarquons en premier lieu que les historiens qui ont suivi l'opinion de Tacite ne s'accordent pas sur le nom du souverain, lequel est tantôt Ptolémée Philadelphe tantôt Ptolémée Philopator. De plus est-ce un dieu entièrement nouveau, totalement étranger à la terre de Khami, qui s'impatronise à Alexandrie sous la domination des Lagides? Nullement, si l'on en croit le même Tacite.
Cet historien rapporte, en opposition avec Hérodote, qu'un ancien Sérapis était adoré à Rhakotis (l'ancienne Alexandrie), avec Isis, dès les temps les plus reculés. On lui rendait aussi un culte à Memphis, avant le règne des Ptolémées. Il est vrai que le lieu où se trouvait son temple, près de cette dernière ville, s'appelait Sinopion, ce qui complique la question. Mais cette dénomination peut être une rencontre fortuite, comme celle des Memnonia avec le nom du héros asiatique, ou avoir été appliquée postérieurement à l'introduction du nouveau culte. La statue égyptienne de Sérapis, que Ptolémée remplaça par l'image de Sinope, était un bloc grossier et informe placé dans une petite chapelle, sur un rocher voisin de la mer. Elle ne peut donc fournir aucune lumière sur la nature du dieu, et par suite sur son origine.
Il serait donc inutile de s'enfoncer plus avant dans la discussion, et l'on doit se contenter d'admettre cette probabilité, à savoir que Sérapis, dieu national, comme le prouve la forme de son nom, confondu par Apollodore avec celui du bœuf Apis, fut adoré par les Égyptiens, à partir d'une époque postérieure ou antérieure à Hérodote, et qu'on l'identifia avec quelque dieu du Pont, ainsi qu'avec Jupiter, Osiris, etc.


La nature de Sérapis

Il s'agit maintenant de déterminer la nature du dieu, d'une manière absolue, et indépendamment de toute question incidente: suivant Jablonski, un Sérapis très ancien aurait servi à marquer l'entrée du soleil dans le solstice d'hiver pour tourner en quelque sorte autour de l'hémisphère inférieur, ce qui lui avait valu le surnom d'infernal, épithète qui coïncide avec la configuration de la statue de Sinope, analogue sans doute en quelques points aux images égyptiennes. Cette statue était tricéphale, et rappela naturellement aux Grecs leur Cerbère. Macrobe voit dans ces trois têtes (de loup, de chien et de taureau ), le passé, le présent et l'avenir.
Le nilomètre était consacré à Sérapis, qui tenait de là, dit-on, le modius, emblème de la fertilité, qu'il portait sur la tête. Mais ce dieu était surtout célèbre par la puissance qu'on lui supposait sur les maladies. Il guérissait les infirmités les plus douloureuses, rendait la vue aux aveugles. C'est par sa vertu que Vespasien guérissait les écrouelles, selon Tacite. Le serpent était son emblème le plus habituel.


Le culte de Sérapis

Le culte de Sérapis, dieu sauveur, prit une extension considérable, dès le temps même de son installation. Ses temples se nommaient Sérapées. L'Égypte en comptait quarante-trois, au IIe siècle. Athènes, Sparte, Messène, Corinthe, l'Asie, la Thrace, etc., s'empressèrent d'adopter le nouveau dieu. Rome l'admit dans ses murs l'an 146 de J.C., mais ses fêtes étaient accompagnées de tant de licence, que le sénat se vit forcé de les abolir.


Les représentations de Sérapis

Représenté, comme nous l'avons l'avons dit, dans l'origine, par des images informes ou bizarres, l'idéal de Sérapis, dû à l'art grec, se confondit bientôt avec celui d'Esculape et même avec celui de Jupiter. Quelquefois il est figuré sous les traits d'un vieillard à barbe touffue, enveloppé par les nœuds d'un serpent. Ses attributs sont, outre ce reptile, le modius et le chien tricéphale. Une pierre gravée le représente avec les Dioscures.

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