Le mythe de Soleil (ou Hélios ou Sol)


Un astre adoré par tous les peuples

Ainsi que la lune, le soleil a été adoré par presque tous les peuples, sous des noms différents. Nous ne comparerons pas ici les diverses formes de ces cultes, nous nous contenterons d'exposer le mythe du soleil tel qu'il est rapporté dans les auteurs grecs et latins. Les divergences relatives à son origine sont peu nombreuses.
Il est vrai que Cicéron compte cinq Soleils: l'un fils de Jupiter ; le second, d'Hyperion ; le troisième, de Vulcain ; le quatrième, d'Acanthe; et le cinquième, père de Circé. Il est vrai encore, que, selon Diodore, Hélios, fils d'Hypérion et de Basilée, noyé par les Titans ses oncles, fut transporté aux cieux et s'y confondit avec l'astre du jour. Mais ces opinions différentes ont peu d'importance. Elles portent des traces trop évidentes, soit des subdivisions d'un même être, soit du plus grossier évhémérisme, pour mériter un examen sérieux.


Le Soleil selon Homère

Suivant Homère, le soleil est le fils d'Hypérion et de Thia. De là ses noms patronymiques d'Hypérionidès et d'Hypériôn (pour Hypérioniôn). Le dernier est quelquefois employé comme le nom même du dieu. L'hymne homérique au soleil remplace Thia par Euryphaessa, et, ainsi qu'Hésiode, donne pour sœurs au dieu la Lune et l'Aurore.
L'Odyssée dépeint le soleil sortant à l'est du sein de l'Océan, non pas de l'orbe mobile du fleuve, mais d'une baie stagnante. S'élevant dans l'espace, il se trouve à midi au plus haut des cieux, commence ensuite à redescendre, et dirigeant sa course vers l'orient, disparaît de nouveau le soir dans l'Océan au point où règne une obscurité éternelle. Ce lieu porte le nom de portes du Soleil. Il faut remarquer ici que, bien qu'Homère fasse toujours disparaître cet astre à l'ouest, il le dépeint s'évanouissant tantôt dans les ténèbres des régions occidentales, tantôt sous la terre. Cette confusion se retrouve à propos du gisement de l'enfer homérique. L'expression qu'Homère emploie dans un passage de l'Odyssée pour désigner l'île d'Æa, située à l'ouest, n'infirme en rien la donnée habituelle du poète. Car l'île de Circé ne porte le nom de lieu où le soleil se lève que relativement, et par rapport à Ulysse, qui, revenant des extrêmes limites de l'occident, aperçoit le soleil pour la première fois dans la demeure de Circé.
Le point où le soleil, après une direction apparente vers le nord ou le sud, s'incline au couchant, porte le nom de Solstice. Quant au mode suivant lequel cet astre revient des régions occidentales dans la contrée du levant, Homère non plus qu'Hésiode n'en disent rien.


Un dieu omniscient

Complétons les données homériques sur le Soleil, en disant que ce dieu, qui n'est pas personnifié dans l'Iliade ni dans l'Odyssée sous une forme précise, est le dieu qui voit tout et apprend tout. Il révèle à Vulcain l'infidélité de son épouse, et à Cérès le rapt de Pluton. Cependant, c'est Lampétie qui lui apporte la nouvelle de l'attentat commis par les compagnons d'Ulysse. Ceux-ci, malgré les ordres du héros, ayant touché aux magnifiques bœufs du dieu dans l'île de Trinacie, qui lui est consacrée, le Soleil implora la vengeance des dieux, et menaça de descendre éclairer l'enfer.
Déjà dans l'Iliade on l'invoque dans les serments. L'hymne homérique au Soleil précise la personnification du dieu: « Traîné dans un char rapide, il éclaire à la fois les dieux et les hommes. A travers son casque d'or, ses yeux jettent des éclairs formidables. Des rayons étincelants s'élancent de son sein. Son casque brillant darde une splendeur éclatante. Autour de son corps brille une draperie légère, que le souffle du vent agite. Sa main conduit de vigoureux coursiers. »
Les mythographes postérieurs, grecs et latins, ont conservé ces données en les amplifiant. Pour rendre compte de la réapparition quotidienne du Soleil au levant après sa disparition dans l'ouest, ils supposent que, porté dans une barque d'or, il décrit chaque nuit un demi-cercle et se retrouve ainsi au point d'où il était parti le matin. Cette barque, qui, suivant Stésichore, contient sa mère, sa femme et ses enfants, est l'ouvrage de Vulcain. Il la prêta à Hercule.
Suivant le brillant Ovide, le lieu où le Soleil sort de la mer le matin, est occupé par un riche palais dans lequel siège le dieu, vêtu de pourpre, et la tête ornée d'un diadème éblouissant. Autour de lui se pressent les Heures, les Jours, les Mois, les Saisons, les Années. Chaque matin Téthys a mission d'ouvrir les barrières.
Nonnus, Athénée et Stace placent, au contraire, le palais du Soleil à l'ouest. Près de là, ses chevaux paissent dans les îles des Heureux.


Le char du Soleil

Quant au char du Soleil, mentionné pour la première fois dans l'hymne homérique, il est en or et a été fait par Vulcain. Les Heures y attellent un ou deux coursiers seulement: Lampon et Phaéthon, ou quatre: Chronos, Aéthon, Astrape, Bronte, nommés aussi Pyroéis, Eous, Aétbon et Phlégon. Ces chevaux vomissent la flamme, et sont ailés. L'art des époques tardives les remplace quelquefois par des griffons.
Du reste, les chevaux sont étroitement liés au culte du Soleil et à son mythe. On voit ce dieu en donner un à Æétès, à Hercule, faire présent à Médée d'un char attelé de dragons allés, donner place dans le sien à Circé, qui se rend à l'île d'Æa, à Vulcain, épuisé d'un combat avec un géant, enfin se faire remplacer par son fils Phaethon. Il faut remarquer que dans les mythes, là apparaissent le plus souvent des troupeaux sacrés, et surtout des troupeaux de bœufs, où le culte du Soleil était en vigueur, ainsi à Érythie et à Apollonie.


La biographie du Soleil

La biographie proprement dite du Soleil est courte et hachée. Suivant Servius, le Soleil, ayant fait preuve de bienveillance envers les Cronides, ne fut pas chassé comme ses frères les Titans. Frappé d'horreur à la vue du forfait d'Atrée, il recula dans les cieux.
Un mythe, qui exprime d'une manière naïve le souvenir d'un fait géologique très important, montre le Soleil en lutte avec Neptune (la mer) pour le territoire de Corinthe. Briarée, choisi pour arbitre, assigna l'isthme au dernier, et l'Acrocorinthe au Soleil, qui abandonna son lot à Vénus. On ne lui en éleva pas moins des autels en ce lieu. Pindare rapporte une fable analogue: lorsque les dieux se partagèrent le monde, Rhodes gisait encore sous les flots, et le Soleil, absent en cet instant, ne reçut aucun lot. Il s'en plaignit à Jupiter, qui, pour le dédommager, lui accorda cette île, qui parut alors à la surface de la mer.


Les similitudes entre le Soleil et Apollon

Il nous reste à parler d'une confusion. Dans les poètes grecs et chez les Romains Apollon et le soleil paraissent à peu près identiques. Si l'on remarque d'un côté que le Soleil est déjà, dans Homère, le dieu qui voit et apprend tout, qu'il punit les mauvaises actions, qu'il épie les dieux et les hommes, que la croyance vulgaire lui attribuait la faculté fatidique ; et d'un autre côté, qu'Apollon a aussi dans Homère un caractère analogue, et qu'il porte le surnom de Phœbos (brillant d'une lumière intellectuelle), on ne s'étonnera pas de la confusion qui a dû se produire plus tard entre ces deux divinités. On croit retrouver les premières traces de cette identification dans Eschyle. Pindare emploie, en parlant du dernier, des expressions presque identiques avec celles par lesquelles Homère désigne l'astre du jour: « C'est le dieu qui sonde tous les cœurs, l'infaillible, que les immortels et les mortels ne peuvent tromper ni par leurs actions ni par leurs plus secrètes pensées. »
Il paraît que la philosophie naturelle établit la première entre Apollon et le Soleil des rapports intimes, développés et affermis plus tard par Euripide. Mais il faut cependant remarquer que ces deux divinités n'ont jamais été identifiées d'une manière complète. Ainsi, les poètes grecs n'ont point représenté Apollon guidant le char du Soleil, et les Latins postérieurs à Virgile l'ont rarement fait. De même, les artistes ont toujours distingué le premier du second, en lui donnant une figure plus pleine, une taille plus robuste et plus ramassée, et une chevelure qui, relevée sur le front, retombe sur les tempes et sur le cou.
Quant à l'identification du Soleil avec Jupiter et Bacchus, dans la Théosophie orphique, elle n'a pas plus de fondement que les autres doctrines de cette école mystique.


Les amantes et les enfants du Soleil

Le Soleil eut de Persé ou Perséis, Circé et Æétès (Apollodore ajoute à ces deux noms celui de Pasiphaé) ; de Néère, Phaéthuse et Lampétie ; d'Iphinoé ou Naupidame, Augias ; de Clymène, Phaéthon ; de Rhodé, les quatorze Héliades. On nomme encore au nombre de ses amantes Leucothoë et Clytie, ainsi que la Terre, dont il eut Achéloüs. Dans Lycophron, Thémis passe pour sa fille. Un scoliaste de Pindare lui donne pour amante Amphitrite ou Vénus, et fait naître Rhodé de cette union.


Le culte du Soleil

Le culte du Soleil était très ancien en Grèce. Deux passages de l'Iliade nous montrent ce dieu invoqué dans les serments, et Ulysse, assiégé par la tempête, lui promet de lui élever un temple à Ithaque, s'il lui permet de gagner la côte. C'était aussi un usage très ancien que de venir raconter ses songes au Soleil, quand ils semblaient présager quelque catastrophe.
Les lieux les plus renommés pour le culte qu'on rendait au dieu du jour étaient Élis, Apollonie, Hermione, l'Acropole de Corinthe, Argos, Trézène, Mégalopolis, Calaurie, le Ténare, Athènes, la Thrace, et enfin Rhode, où se voyait le fameux colosse, surtout celébre parce que, suivant une tradition erronée, les vaisseaux passaient à pleines voiles entre ses jambes. Cette masse, œuvre du sculpteur Charès, élève de Lysippe, avait soixante-dix coudées de hauteur. Elle fut renversée par un tremblement de terre, et l'oracle défendit de jamais la relever, au moment même où les Rhodiens venaient de toucher le montant d'une collecte faite parmi toutes les peuplades grecques. Une autre statue du Soleil haute de trente coudées, fut transportée d'Apollonie à Rome par les ordres de Lucullus, car les Romains avaient adopté son culte, surtout depuis la fréquence de leurs relations avec l'Orient.
On lui sacrifiait des béliers blancs, des taureaux, des chèvres, des agneaux, et surtout des chevaux, tant en Grèce que chez les barbares. On lui offrait aussi du miel. Le coq lui était consacré.


Les représentations du Soleil

Ce dieu était représenté montant dans son char, sur le trône de Jupiter à Olympie. On le voit assez fréquemment sur des monnaies rhodiennes, la tête de face et radiée, ou porté sur son char et animant ses chevaux. Ses attributs sont le globe du monde, la corne d'abondance et le fouet.

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