Le mythe de Ulysse


Un héros grec

Ulysse est un célèbre héros grec. Il est la personnification de la politique et de l'habileté des temps héroïques. Suivant Homère, il se distinguait de tous les mortels par son éloquence et sa sagacité, son courage à toute épreuve, sa témérité dans le danger. En sagesse, il était égal aux dieux. Défiguré par les mythographes postérieurs, il apparaît dans leurs écrits sous un jour défavorable: les traits saillants de son caractère sont alors la lâcheté, la perfidie et la fausseté. Ulysse n'est plus que l'idéal de la ruse. Virgile, dans son beau poème, écrit pour les Romains, a surtout contribué à cette altération.


La jeunesse d'Ulysse

Ulysse était fils de Laërte et d'Anticlée, et frère de Ctimène. Dans son adolescence, il alla rendre visite à son grand-père Autolycus, et fut blessé au genou, en poursuivant un sanglier: cet accident lui laissa une cicatrice au moyen de laquelle sa nourrice Euryclée le reconnut longtemps après.Il s'en revint à Ithaque, comblé de présents, et déjà célèbre par son courage et sa sagacité. Lorsque les Messéniens enlevèrent trois cents moutons aux Ithaciens, Laërte envoya son petit-fils à Messène pour traiter de cette affaire. Ulysse, accueilli dans le palais d'Orsiloque, y rencontra Iphitus, qui lui donna l'arc de son père Eurytus, et reçut de lui en retour une épée et une pique. Cet arc célèbre ne servait jamais à Ulysse. Il le laissait à Ithaque, où les prétendants essayèrent en vain de le bander.
Il se dirigea ensuite vers Éphyre, pour demander à Ilus, fils de Mermérus, du poison pour en imprégner ses flèches. Il n'en put avoir en ce lieu, mais Anchialus, de Taphos, lui en donna.
Nommé roi d'Ithaque, sans que l'Odyssée mentionne l'époque de son avènement, il épousa Pénélope et en eut Télémaque. Son grand-père s'était retiré à la campagne, et y cultivait son verger de ses propres mains.
Ce ne fut qu'après de longs efforts qu'Agamemnon put engager Ulysse à prendre part à la guerre de Troie. Ayant enfin cédé, le fils de Laërte se rendit à Ilion, avant le départ de l'armée, pour redemander Hélène et les trésors enlevés par Pâris. Menélas l'accompagnait.


Ulysse devant Troie

Ulysse se rendit au port d'Aulis avec douze navires renfermant les guerriers d'Ithaque, de Crocylée, d'Ægilippe, de Zacynthe, de Sainos, et de l'Épire. Pendant la route, il prit terre à Lesbos, et y combattit Philomélide, roi de l'île. Rendu devant Troie, il fit preuve de talents divers, s'offrant au combat avec Hector, assaillant l'un des premiers les Troyens, et protégeant Diomède blessé ; châtiant Thersite, et retenant les Grecs, qui, la dixième année du siège, perdent courage et veulent regagner la patrie.
Mais c'est surtout par la prudence et l'habileté dans les négociations qu'Ulysse se distingue entre tous les guerriers de l'Hellade. C'est lui qui répare les torts, conduit les négociations et cherche à étouffer de fatales querelles. Il conduit l'hécatombe expiatoire et la fille de Chrysès à Chryse, pour apaiser la colère d'Apollon. Il va prendre Pyrrhas dans l'île de Seyros. Déguisé en esclave, il se glisse dans la ville ennemie, et, plus tard, avec Diomède, dans le camp des Troyens, d'où il ramène les chevaux de Rhésus, avant qu'ils n'eussen tbu de l'eau du Xanthe. A cette occasion, il s'était guidé d'après les indications de Dolon, fait captif par Ulysse. Agamemnon et Achille sont conjurés par lui d'oublier leur haine privée, dans l'intérêt de tous. Aux jeux funèbres de Patrocle, Ulysse lutte avec Ajax le Télamonide, et la victoire reste indécise. Tandis qu'à la course, il triomphe d'Ajax l'Oïlide. Après la mort d'Achille, il dispute au premier les armes du héros, et les obtient.
Enfin, se trouvant avec d'autres guerriers dans le cheval de bois, c'est lui qui ferme la bouche à ceux qui allaient répondre à la voix d'Hélène, et après l'ouverture de la machine, court avec Ménélas, à la maison de Déiphebe, où il triomphe après avoir vaillamment combattu. Les guerriers qui tombèrent sous ses coups, tant à cette occasion, que dans les précédentes, sont Démocoon, Cérêne, Alastor, Molion, Hippodame, Hypérochus, etc.


La navigation d'Ulysse

Lorsque après la chute de Troie, une partie des Grecs firent voile pour leur patrie, et que l'autre division de la flotte resta en Troade sous les ordres d'Agamemnon, Ulysse se joignit d'abord aux premiers, puis, arrivé à Ténédos, il revint vers le chef atride. De la côte d'Asie, il fut jeté à Ismarus, ville des Cicones, située sur la côte d'Europe, et ravagea ce pays. Les habitants se vengèrent, en surprenant la nuit ses compagnons qu'il avait en vain engagés à presser leur départ: soixante-douze d'entre eux périrent dans cette malheureuse affaire. Borée poussa les fugitifs, d'Ismarus à Malée, et de là chez les Lotophages, sur la côte de Libye. Trois hommes envoyés en exploration, ayant goûté les fruits du lotus, engagèrent leurs compagnons à rester dans cette terre enchantée, mais Ulysse interposa son autorité.
La flotte arriva ensuite à l'île des Chèvres, située plus au nord. Ulysse y laissa onze vaisseaux et se rendit avec douze de ses compagnons dans le pays des Cyclopes, sur la côte de Sicile. Là demeurait le géant Polyphème, qui, après avoir mangé six des compagnons d'Ulysse, enferma les autres et le héros lui-même dans son antre. Ulysse enivra le Cyclope, lui creva l'œil pendant son sommeil avec une grosse poutre aiguisée par un bout et durcie au feu. Ensuite, tous sortirent de l'antre cachés sous les brebis du géant, et arrivèrent le lendemain à leurs navires avec une partie du bétail enlevé. Le Cyclope demanda vengeance à Neptune, son père, qui commença à persécuter le malheureux roi d'Ithaque. Celui-ci, cependant, était arrivé chez Eole, qui l'hébergea pendant un mois, lui donna, à son départ, une outre dans laquelle il avait renfermé les vents qui pouvaient lui être contraires, et fit souffler sur ses vaisseaux le vent de l'ouest, qui devait le conduire à Ithaque. Tout alla bien jusqu'à ce que les compagnons d'Ulysse, profitant de son sommeil, ouvrirent l'outre pour voir les richesses qu'ils y croyaient contenues. Une tempête soudaine s'éleva, et rejeta la flotte chez Éole, qui, cette fois, refusa son aide au héros.
Au bout de six jours de navigation, Ulysse arriva chez les Lestrygons, sur la côte nord-ouest de Sicile. Il ne se tira qu'avec un seul vaisseau des mains de ce peuple cruel, et aborda ensuite à l'île d'Æa, où résidait la magicienne Circé. Une partie de ses compagnons qu'il avait envoyés à la découverte, sous les ordres d'Euryloque, furent changés en pourceaux par la fille d'Æétès, qui leur fit prendre une boisson magique. Euryloque seul put s'échapper, et informa Ulysse de cette triste aventure. Le héros, qui avait reçu de Mercure la fameuse herbe Moly, brava les enchantements de Circé, et obtint d'elle qu'elle rendit à ses compagnons leur première forme. Il reçut d'elle le conseil de se rendre aux enfers, et d'y consulter Tirésias.
Poussé par Borée, Ulysse traversa l'Océan, et, parvenu aux limites occidentales du fleuve, débarqua sur la plage ténébreuse où se trouve le bois de Proserpine. Après avoir offert des sacrifices et des libations aux divinités infernales et aux ombres, il vit se presser autour de la fosse qu'il avait creusée diverses ombres, entre autres celle de sa mère. Tirésias se présenta enfin, et lui apprit la cause de la colère de Neptune. Il lui prédit qu'il pourrait revoir Ithaque si ses compagnons s'abstenaient de toucher aux bœufs du Soleil, dans l'île de Thrinacie. Il lui annonça, de plus, le désordre qui régnait dans sa maison, et lui ordonna, quand les prétendants seraient vaincus, de se remettre en route, une rame sur l'épaule, jusqu'à ce qu'il arrivât chez des peuples qui n'eussent aucune connaissance de la mer: Ulysse devait alors offrir un sacrifice à Neptune, et retourner dans sa patrie, où une douce mort le ferait descendre dans le tombeau, après une longue vieillesse. Tirésias ayant ainsi parlé, Ulysse, après s'être entretenu quelque temps avec les ombres, se rembarqua, et revint à l'île d'Æa, où Circé lui donna de nouvelles instructions sur les dangers qui l'attendaient, et lui procura des vents favorables.
Le vaisseau du héros arriva d'abord à l'île des deux Sirènes. Ces enchanteresses, couchées sur le rivage, semé de fleurs, attiraient les voyageurs par des chants mélodieux, et les faisaient ensuite périr. Ulysse, suivant les instructions de Circé, boucha les oreilles de ses compagnons avec de la cire, se fit attacher au mât de son navire, et échappa ainsi à une mort certaine. Il arriva ensuite aux deux rochers de Scylla et de Charybde. Il échappa à la seconde, mais la première lui dévora six de ses compagnons.
De là, le vaisseau fut poussé dans l'île de Thrinacie, où paissaient les bœufs du Soleil. Ulysse voulait passer outre, mais ses compagnons le forçant de débarquer, il leur fit jurer de ne pas toucher au bétail sacré. Retenus cependant en ce lieu par les orages, ils enfreignirent bientôt leur serment ; et pendant le sommeil de leur chef tuèrent le plus beau des taureaux du Soleil. Hélios, irrité, invoqua la vengeance des dieux. Lorsque, sept jours après, les malheureux Grecs mirent à la voile, la foudre, lancée par Jupiter, brisa le vaisseau et tous périrent. Ulysse seul échappa à la mort, en s'attachant aux débris du mât. Poussé par le Notus, il parvint de nouveau dans le détroit formé par les deux roches de Scylla et Charybde, échappa à cette dernière, et fut pendant neuf jours le jouet des flots.
La dixième nuit, il fut porté dans l'île d'Ogygie, où régnait la belle Calypso, qui l'accueillit hospitalièrement et lui offrit de le rendre immortel s'il voulait rester auprès d'elle. Mais Ulysse n'abandonnait pas l'idée de revoir un jour sa patrie. Protégé par Minerve, qui intercéda pour lui auprès de Jupiter, il put quitter Calypso, après huit ans de séjour dans son île. La nymphe lui enseigna le moyen de construire un radeau, sur lequel il s'éloigna enfin.
Après une navigation de dix-huit jours, il s'approcha de la côte de Schérie, habitée par les Phéaciens. Mais la colère de Neptune devait le poursuivre encore. Ce dieu, l'ayant aperçu voguant sur les eaux, déchaîna un furieux orage. Leucothoé se présenta alors pour arracher le héros à la mort. Elle lui confia son voile, en lui ordonnant de s'en entourer la poitrine, et quand il aurait échappé aux flots, de le jeter derrière lui, en détournant la tête. Ainsi fut fait. Minerve, qui veillait toujours sur Ulysse, prit soin d'apaiser les flots, et, après des souffrances inouïes, son protégé parvint enfin chez les Phéaciens.
Succombant à la fatigue et au sommeil, des voix de jeunes filles qui jouaient sur le rivage l'éveillèrent. Il aperçut Nausicaa, qui, avertie en songe par Minerve, était venue laver ses vêtements à l'endroit où le héros reposait. Elle lui indiqua le moyen de se rendre chez son père Alcinoüs, qui le reçut avec la plus libérale hospitalité. Dermodocus ayant chanté la prise de Troie, Ulysse ne put retenir ses larmes à des souvenirs si tristes et si doux, et son émotion ayant été remarquée par les Phéaciens, il lui fallut faire le récit de ses aventures. Comblé de riches présents par ses hôtes, il quitta enfin Schérie sur un vaisseau qu'Alcinoüs lui fit préparer.


Le retour d'Ulysse à Ithaque

Plongé dans un profond sommeil, Ulysse ne s'aperçut pas que le vaisseau phéacien avait touché son île chérie. Les marins le déposèrent sur le rivage avec les présents d'Alcinoüs. Après une absence de vingt ans, le héros foulait enfin le sol de la patrie. Mais d'abord, il ne se reconnut pas. En effet, Minerve l'avait enveloppé d'un nuage pour le protéger. A ses plaintes amères, la déesse répondit que son vœu était accompli et qu'il respirait l'air natal. Elle l'aida à cacher ses richesses dans la grotte des Nymphes, et lui fournit les moyens d'assurer sa vengeance.
Pendant qu'Ulysse errait loin de son royaume, Laërte, courbé par l'âge et par les chagrins, s'était retiré à la campagne. Anticlée n'avait pu survivre à la perte de son fils. Pénélope gardait toujours dans son cœur une vive affection à son cher époux, et Télémaque, en âge d'homme, administrait les biens de son père. Mais depuis trois années, plus de cent des principaux d'Ithaque, de Samé, de Dulichium, de Zacynthe, vivaient en maîtres dans le palais d'Ulysse, et obsédaient Pénélope de leurs prétentions.
Minerve, pour qu'Ulysse restât inconnu, lui donna la forme d'un vieux mendiant. Il se rendit d'abord chez le fidèle Eumée, qui l'accueillit avec bienveillance et lui fournit, sans le connaître, des témoignages non suspects de fidélité. Télémaque revint à ce moment d'un voyage en Laconie, entrepris dans le dessein de venger son père. Celui-ci se fit alors reconnaître, et tous deux préparèrent leur sanglant projet. Ulysse, déguisé en mendiant, suivit à la ville Télémaque et Eumée. Il fut traité avec bonté par Pénélope, et reconnu par sa nourrice et par son vieux chien, qui expira de joie en le voyant. Les prétendants, au contraire, violant les lois de l'hospitalité, lui prodiguèrent toutes sortes d'insultes.


La mort des prétendants

Pénélope, obsédée par ses nombreux amants, consentit enfin à épouser celui qui tendrait le fameux arc d'Ulysse, et traverserait d'un coup de flèche les douze piliers de fer troués. Aucun des princes ne put y parvenir. Ulysse alors, qui avait eu la précaution de faire écarter toutes les armes, saisissant son arc, commença à percer ses ennemis de ses flèches. Secondé par Télémaque et par ses fidèles serviteurs, protégé d'ailleurs par la bienveillante Minerve, il extermina tous les prétendants ainsi que les serviteurs qui l'avaient trahi. Le chantre Phémius et le héraut Médon furent seuls épargnés.
Ensuite, Ulysse se fit reconnaître de Pénélope, et se rendit auprès de son vieux père. Les parents des prétendants cherchèrent à exciter une révolte dans l'île, mais Minerve, empruntant la figure de Mentor, réconcilia les habitants d'Ithaque avec leur roi.

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