Le mythe de Proserpine (ou Perséphone)


Une divinité infernale

Proserpine, dont le nom grec était Perséphone, devait le jour à Jupiter et à Cérés, suivant les traditions les plus anciennes. Mais, en sa qualité de déesse infernale, on lui donnait pour mère Styx, et les Arcadiens, qui l'honoraient sous le surnom mystique de Despoina, la disaient fille de Neptune et de Cérès, qui la confia, ajoutaient-ils, aux soins du Titan Anytus.
Enlevée par Pluton, qui ne consentit à s'en dessaisir que pendant six mois de l'année, elle vint régner sur les ombres, dans le noir Tartare, désigné quelquefois par le nom d'empire de Proserpine. Elle y avait un bois sacré qui se trouvait à l'extrémité occidentale de la terre, là où commence le sombre royaume.
La légende de cette déesse, si célèbre dans le culte mystérieux de la Grèce, offre peu d'incidents. Elle fut la mère des Furies, et, suivant des traditions étrangères à la mythologie originelle de l'Hellade, eut de Jupiter le Bacchus mystique (Iacchos, Sabazios ou Zagreus). On la donne encore pour mère du maître des dieux. Dans Sanchoniathon, elle reste vierge. Quelquefois on la suppose amoureuse d'Adonis, et susceptible de jalousie envers Menthe, qu'elle métamorphosa en une plante de son nom.
Il est facile de s'apercevoir que ces détails, dont on a surchargé le mythe sévère de la déesse des enfers, ne sont nullement en harmonie avec la gravité de la conception première. Homère n'aurait pu supposer des intrigues amoureuses à l'épouse du terrible Pluton, « à la sublime souveraine des ombres, qui exerce son empire sur les âmes et sur les monstres des enfers, et qui exécute les imprécations des mortels. »


La symbolique de ses disparitions et réapparitions

La partie du mythe de Proserpine relative à sa disparition et à son apparition successives a été expliquée de diverses manières. Ainsi, suivant les uns, le rapt, de la fille de Cérès est le symbole de la végétation, qui, se montrant surtout au printemps, semble disparaître sous la terre à une certaine époque, pour revenir bientôt à la surface. Aussi Plutarque identifie-t-il Proserpine avec le printemps, et Cicéron la nomme-t-il la semence des productions agrestes.
Dans les mystères d'Eleusis, on regardait la réapparition de la déesse comme le symbole de l'immortalité de l'âme, et l'art, qui participe lui-même à l'obscurité mystique dont le culte de Proserpine est enveloppé, a souvent reproduit cette idée, comme le prouvent les bas-reliefs sculptés sur les sarcophages antiques.
Mais c'est surtout dans la Théosophie orphique et dans les rêveries des néo-platoniciens que la reine des ombres a perdu son caractère primitif. Là elle devient la divinité toute-puissante de la nature, celle qui fait tout naître et tout mourir, la déesse désirée du printemps, et est continuellement, identifiée avec diverses déesses, telle qu'Isis, la Terre, Lihée, Vesta, Pandore, Diane, Hécate. C'est elle qui est la mère de Bacchus Zagreus. Nulle divinité, assurément, ne se prêtait plus au système de syncrétisme des Alexandrins que Proserpine, souveraine à la fois infernale et terrestre. Nulle n'offrait autant de prise à ces interprétations téméraires et confuses qui, conciliant ce qui doit rester séparé, et méconnaissant grossièrement les traits essentiels de conceptions très différentes, font de la symbolique antique un véritable galimathias.


Le culte de Proserpine

Le culte de Proserpine, uni le plus souvent à celui de Cérès, était très répandu en Grèce. Corinthe, Mégare, Mégalopolis, Eleusis, etc., lui avaient élevé des temples, aussi bien que Thèbes, dont Jupiter lui avait fait présent, disait-on. Elle devait aussi à la libéralité du dieu la fertile Sicile, dont les habitants lui immolaient un taureau sur les bords de la fontaine Cyané. A Sparte, à Acacésium, en Arcadie, elle était adorée spécialement sous le nom de Perséphone Sotéira et de Despoina. Sardes ne lui rendait pas un culte moins solennel. En Italie, Rome et Locres l'invoquaient dans des temples magnifiques. Prés du lac Averne, un bois lui était consacré, sans doute d'après la tradition homérique.
En général, les fêtes célébrées en son honneur avaient un caractère mystérieux. Quelquefois les femmes seules y prenaient part, et souvent l'entrée de ses temples était interdite aux hommes. On lui sacrifiait des génisses stériles et, comme à Hécate, de jeunes chiens noirs. Dans les funérailles, on lui offrait une boucle des cheveux du mort, parce que, selon la croyance des anciens, un homme ne pouvait cesser de vivre que lorsque la déesse avait coupé le cheveu fatal, palladium de la vie.
La chauve-souris, la grenade et le narcisse lui étaient consacrés.


Les représentations de Proserpine

Proserpine figure souvent dans les œuvres d'art des anciens, tantôt à côté de son époux, et tenant un narcisse ou un sceptre, tantôt descendant aux enfers ou reparaissant sur la terre. Comme divinité mystique, on la représentait avec un sceptre et une ciste. Quelquefois elle a pour coiffure le modius.

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