Le mythe de Vitslibochtli


Une divinité mexicaine

Vitslibochtli était le dieu de la guerre et de la divination au Mexique. Il était le fils de Koatlikoé, qui le conçut en cachant dans son sein une touffe de plumes voltigeant dans les airs. Ses premiers enfants, les Ceutsonhouitsnahouis, résolurent de la tuer, pour venger l'honneur de leur famille, mais au moment où ils allaient accomplir leur sanguinaire dessein, le nouveau-né parut, armé de pied en cap, et tua ses frères.
Arrivé à l'âge de puberté, il déposséda les Navaltèques au profit de ses adorateurs, les Mexicains, qui n'avaient formé jusque là qu'une peuplade errante. Les traditions du pays décrivent sa marche miraculeuse. Porté par quatre prêtres dans une arche faite de roseaux entrelacés, il eut, comme Moïse, à lutter contre le mauvais vouloir de son peuple. La colonie fit environ six cents lieues au milieu d'obstacles de toute nature. Enfin elle s'arrêta, après avoir rencontré, comme l'indiquait un oracle, un figuier planté sur un roc.


Le temple de Vitslibochtli

Un historien espagnol, cité par Parisot, décrit ainsi le temple consacré à ce dieu: « On entrait d'abord dans une grande place carrée et fermée d'une muraille de pierre, où plusieurs couleuvres de reliefs, entrelacées de diverses manières au dehors de la muraille, imprimaient de l'horreur, principalement à la vue du frontispice de la première porte, qui en était chargé, non sans quelque signification mystérieuse. Avant que d'arriver à cette porte, on rencontrait une espèce de chapelle, qui n'était pas moins affreuse. Elle était de pierre, élevée de trente degrés, avec une terrasse en haut, où l'on avait planté, sur un même rang, et d'espace en espace, plusieurs troncs de grands arbres tailles également, qui soutenaient des perches qui passaient d'un arbre à l'autre. Ils avaient enfilé par les tempes, à chacune de ces perches, quelques crânes des malheureux qui avaient été immolés, dont le nombre était toujours égal, parce que les ministres du temple avaient soin de remplacer ceux qui tombaient par l'injure du temps. Les quatre côtés de la place avaient chacun une porte qui se répondaient et étaient ouvertes sur les quatre principaux vents. Chaque porte avait sous son portail quatre statues de pierre, qui semblaient, par leur geste, montrer le chemin, comment elles eussent voulu renvoyer ceux qui n'étaient pas bien disposés. Elles tenaient le rang de dieux liminaires ou portiers, parce qu'on leur donnait quelques révérences en entrant.
Les logements des sacrificateurs se trouvaient à la partie intérieure de la muraille de la place, avec quelques boutiques qui en occupaient tout le circuit, sans retrancher que fort peu de chose de sa capacité, si vaste que huit à dix mille personnes y dansaient commodément aux jours de leurs fêtes les plus solennelles. Au centre de cette place s'élevait une grande machine de pierre, qui, par un temps serein, se découvrait au-dessus des plus hautes tours de la ville. Elle allait toujours en diminuant, jusqu'à former une demi-pyramide, dont trois des côtés étaient en glacis et le quatrième soutenait un escalier.
Édifice somptueux, et qui avait toutes les proportions de la bonne architecture. Sa hauteur était de six-vingts degrés et sa construction si solide, qu'elle se terminait en une place de quarante pieds en carré, dont le plancher était couvert fort proprement de divers carreaux de jaspe de toutes sortes de couleurs. Les piliers ou appuis d'une manière de balustrade qui régnait autour de cette place étaient tournés en coquille de limaçons, et revêtus par les deux faces de pierres noires, semblables au jais, appliquées avec soin, et jointes par le moyen d'un bitume rouge et blanc, ce qui donnait beaucoup d'agrément à cet édifice.
Aux deux côtés de la balustrade, à l'endroit où l'escalier finissait, deux statues de marbre soutenaient, d'une manière qui exprimait fort bien leur travail, deux grands chandeliers d'une façon extraordinaire. Plus avant, une pierre verte s'élevait de cinq pieds de haut, taillée en dos d'âne, où l'on étendait sur le dos le misérable qui devait servir de victime, afin de lui fendre l'estomac et d'en tirer le cœur. Au-dessus de cette pierre, en face de l'escalier, on trouvait une chapelle dont la structure était solide et bien entendue, couverte d'un toit de bois rare et précieux, sous lequel ils avaient placé leur idole, sur un autel fort élevé entouré de rideaux.
Elle était de figure humaine, assise sur un trône soutenu par un globe d'azur qu'ils appelaient le ciel. Il sortait des deux côtés de ce globe quatre bâtons, dont le bout était taille en tête de serpent, que les sacrificateurs portaient sur leurs épaules lorsqu'ils produisaient leur idole en public. Elle avait sur la tête un casque de plumes de diverses couleurs, en figure d'oiseau, avec le bec et la crête d'or bruni. Son visage était affreux et sévère, et encore plus enlaidi par deux raies bleues qu'elle avait, l'une sur le front et l'autre sur le nez. Sa main droite s'appuyait sur une couleuvre ondoyante qui lui servait de bâton. La gauche portait quatre flèches, qu'ils révéraient comme un présent du ciel, et un bouclier couvert de cinq plumes blanches mises en croix.
Une autre chapelle, à la gauche de la première et de la même fabrique et grandeur, enfermait l'idole appelée Tlaloch, qui ressemblait parfaitement à celle qu'on vient de décrire. Aussi tenaient-ils ces dieux pour frères, et si bons amis qu'ils partageaient entre eux le pouvoir souverain de la guerre, égaux en force et uniformes en volonté. C'est par cette raison qu'ils ne leur offraient à tous deux qu'une même victime, que les prières étaient en commun, et qu'ils les remerciaient également des bons succès, tenant, pour ainsi dire, leur dévotion en équilibre. »

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