Le mythe de Sisyphe (ou Sisyphos)


L'époux de Mérope

Quelques mythologues, trompés par les nombreuses légendes dont la vie de Sisyphe est surchargée, distinguent à tort deux personnages de ce nom. Suivant Homère, il était fils d'Éole et d'Enarète ; selon Servius, d'Autolycus. Il épousa l'Atlantide Mérope, qui lui donna quatre fils: Glaucus, Ornytion (ou Porphyrion), Thersandre et Halmus. On joint encore à ces quatre noms celui de Sinon, et quelquefois, suivant une légende posthomérique, celui d'Ulysse, que Sisyphe aurait eu d'Anticlée, fille d'Autolycus et fiancée de Laerte.
Selon quelques auteurs, Sisyphe, pour empêcher Autolycus de lui dérober ses troupeaux, marquait ses bœufs sous les pieds, et par ce moyen il les reconnaissait facilement lorsque son ami les lui avait dérobés. Ce fut alors qu'Autolycus, charmé de son adresse, lui permit d'avoir un commerce illicite avec sa fille.
On donne encore pour fils à Sisyphe, Pélias et Nélée, nés de Tyro. Il avait séduit celle-ci sur la foi d'un oracle qui lui avait déclaré que les enfants qu'il aurait d'elle le vengeraient de son frère Salmonée son ennemi mortel. Tyro ayant exposé ses deux fils, son oncle lui fit subir une mort cruelle.


Le fondateur d'Éphyre

Toute l'antiquité s'accorde à peindre Sisyphe, voleur, impie, rusé, avide du gain, comme toute sa race. Il fonda Éphyre (l'ancienne Corinthe), ou hérita de cette ville après la disparition de Médée. Manquant d'eau dans la citadelle, il s'en fit donner par le dieu-fleuve Apus, en lui révélant le secret des amours de Jupiter avec sa fille, et ferma l'Isthme par des murailles, afin de pouvoir rançonner les voyageurs. Le corps de Mélicerte ayant été jeté sur la grève, il lui fit donner la sépulture, par ordre des Néréides, et institua, en l'honneur d'Ino et de son divin fils, les jeux isthmiques.
Sisyphe fut tué, dit-on, par Thésée, qui le punit ainsi de ses brigandages, et enterré sur l'Isthme. Du temps de Pausanias, on commençait à ne plus pouvoir indiquer exactement le lieu de son inhumation.


Le supplice de Sisyphe

Toutes ces traditions, postérieures à Homère, ont rendu Sisyphe moins célèbre que ne l'a fait son supplice aux enfers, déjà mentionné par l'auteur de l'Odyssée: « Il avait dans ses mains, dit ce poète un gros rocher qu'il tâchait de pousser vers le sommet d'une montagne en se raidissant sur ses pieds. Mais lorsqu'il était presque parvenu jusqu'à la cime, une force supérieure repoussait le rocher, qui retombait en roulant jusque dans la plaine. Ce malheureux la reprenait sur l'heure, et recommençait son travail. Des torrents de sueur coulaient de tous ses membres, et autour de sa tête s'élevaient des tourbillons de poussière. »
Les auteurs varient sur les causes de ce supplice: il fut ainsi puni, soit pour avoir révélé les secrets des dieux, ou pour ses brigandages, ou pour sa conduite barbare envers Tyro ; soit pour son indiscrétion envers Jupiter, dont il avait révélé les amours avec Égine, fille d'Asopus. Apollodore dit que le maître des dieux se vengea en le précipitant dans les enfers. Mais Eustathe amplifie et dramatise la fin de ce célèbre personnage des temps antiques: Jupiter lui ayant envoyé la Mort, celui-ci la jeta dans les fers, de sorte que personne ne mourait sur la terre. Force fut aux dieux d'envoyer Mars, qui délivra sa cruelle compagne, et à Sisyphe de quitter enfin la vie. Mais il ne s'exécuta pas de bonne grâce. Avant de rendre le dernier soupir, il recommanda à son épouse, suivant le scoliaste de Pindare, de ne pas l'inhumer. Elle le fit ainsi. Sisyphe, une fois aux enfers, se plaignit vivement de l'indifférence de sa moitié, et supplia Pluton de lui permettre de l'aller punir. Le dieu du sombre empire lui ayant accordé sa demande, Sisyphe refusa de revenir pendant de longues années. Mercure l'entraîna enfin, et c'est alors qu'il fut précipité dans le Tartare.
On voyait le supplice de Sisyphe, représenté dans la Lesché de Delphes.

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