Le mythe de Ganga

Ganga est le Gange personnifié. Elle est la déesse de la pureté. Les cosmogonies ne s'accordent nullement sur la manière dont elle fut produite:


Une première tradition sur l'apparition de Ganga

Un jour que Parvati jouait avec Siva, elle lui couvrit les yeux de ses deux mains, et des ténèbres universelles obscurcirent immédiatement l'univers. La déesse, effrayée de la catastrophe qu'elle avait produite, retira ses mains avec promptitude, et des dix gouttes de sueur qui s'en échappèrent naquirent dix grands fleuves qui eussent submergé la terre si chacun des dieux ne se fût chargé de contenir l'un d'entre eux. Celui qui échut à Brahmâ fut Ganga, rivière et déesse, que d'autres traditions font naitre du pied de Vichnou.


Une seconde tradition sur l'apparition de Ganga

Une autre tradition, plus populaire, a le même caractère de grandeur et d'originalité, que l'apparition de Ganga à la résurrection des Sagaravansi.
Ansouman, fils du radjah d'Aïodhïa, voulant rendre les derniers devoirs à ses parents, pulvérisés par Kapila, et cherchant vainement l'eau qui lui était nécessaire pour les cérémonies de l'aspersion, entendit tout à coup résonner à son oreille la voix de Garoudha, roi des oiseaux et oncle des Sagaravansi, qui lui conseilla de se rendre aux cieux pour en amener Ganga, la fille aînée d'Himavan et la purificatrice du monde. Mais Ansouman mourut au bout de trente-deux mille siècles, sans avoir réussi à faire descendre Ganga sur la terre, malgré l'effrayante austérité de sa vie cénobitique.
Dvilipa, son fils, ne fut pas plus heureux. Enfin son petit-fils, Bhagiratha ou Bagiraden, s'étant acquis la faveur de Brahmâ par des pénitences innombrables, apprit du dieu que Ganga descendrait si Siva consentait à soutenir le poids de cette masse d'eau qui pourrait entraîner la terre. Pour obtenir de Siva qu'il condescendit à ce que tant de générations avaient désiré si ardemment, Bagiraden vécut une année entière sans prendre d'autre nourriture que l'air atmosphérique, étendant les mains et immobile comme un tronc d'arbre, tellement que le grand doigt de son pied prit racine dans le sol. Il fléchit enfin l'époux de Bhavani, et, sur son ordre, Ganga se précipita en onde furieuse, espérant bien renverser son mari, et le rouler jusque dans les Patalas. Mais Siva rassembla toutes ses forces, et contint l'altière déesse dans les boucles de sa chevelure. Elle s'efforça vainement de s'échapper de cette prison singulière. Ce ne fut qu'au bout de plusieurs siècles que de nouvelles macérations de Bagiraden amollirent enfin le cœur de Siva, dont la chevelure s'ouvrit et laissa passage à Ganga.
Elle forma d'abord le lac de Vindhou, puis s'épancha en sept grands fleuves, dont le dernier était la déesse elle-même, la divine Ganga, rivière purificatrice qui lave de toute souillure.
Une nouvelle catastrophe vint cependant menacer le monde. Ayant refusé l'offrande du sage Djahnou, Ganga disparut tout entière dans la bouche du vieillard irrité. Tant de travaux et de supplications eussent donc été inutiles si les dieux n'eussent apaisé Djahnou, qui permit au fleuve de s'échapper par son oreille, et de toucher enfin l'Océan et le centre de la terre, d'où les âmes purifiées renaquirent ou remontèrent aux cieux.
Comme on le pense bien, cette tradition, l'une des plus poétiques dont se soit jamais emparée l'épopée, offre de nombreuses variantes que nous ne rapporterons pas ici.


Le culte de Ganga

Outre son surnom de Djahnavi, Ganga porte encore ceux de Bhagirathi (fille de Bagiraden) et de Tripathaga (aux trois routes), parce qu'elle arrose le ciel, la terre et les enfers.
La déesse Ganga, identifiée avec le Gange, est pour les Hindous l'objet d'un culte particulier. Ses rives sont continuellement couvertes de pèlerins, qui viennent chercher dans l'immersion la purification de leurs souillures et de leurs fautes. L'eau du fleuve est employée par les Brahmes dans les cérémonies les plus solennelles. Cependant ce n'est pas dans toute l'étendue de son cours que le Gange possède la vertu divine. Après la formation du Delta, un seul bras conserve le titre de sacré. Certains confluents sont aussi regardés par les Hindous comme plus dignes d'un hommage habituel: tel est le Prayaga, confluent du Gange et du Djoumna. Enfin, Ganga ou le Gange forme, avec le Djoumna et le Saresanati, une trinité divine que l'on adore sons le nom de Tribeni.

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