Le mythe de Pluton (ou Aïdès ou Aïdoneus ou Plouteus)


Le dieu des enfers

Pluton est le dieu des enfers. Les poètes grecs le désignent généralement par les noms d'Aïdès (qui rend invisible). Il paraît que ce nom, ainsi que celui d'Hadès, cessa de bonne heure, comme trop terrible, d'être employé dans les mystères et dans les usages de la vie commune. On y substitua le surnom de Pluton (enrichisseur), qui, usité en premier lieu par Euripide, devint bientôt le nom habituel du dieu. L'idée qu'il exprime n'était du reste pas nouvelle, appliquée au dieu des enfers. En effet, déjà, dans Hésiode, Aïdès est invoqué conjointement avec Cérès, pour la prospérité des moissons, et plus tard comme dispensateur des richesses minérales. Platon observe à ce sujet que le Jupiter infernal n'est pas seulement le distributeur de la richesse matérielle, mais qu'il dispense aux morts les vrais biens de l'âme.
Les Latins le nommaient Dis (de dives, riche), Vœjovis (Jupiter sinistre) et Orcus.
Fils de Saturne et de Rhée, il échappa à la mort comme ses frères, et reçut en partage l'empire des ombres, gardant en commun, ainsi que Jupiter et Neptune, la Terre et l'Olympe, où il a le droit d'apparaître. Ainsi, blessé à Pylos par Hercule, il se rend dans le palais de Jupiter pour implorer l'assistance de l'habile Pæon. Mais quand il demeure dans son ténébreux empire, à côté de Proserpine, qu'il a enlevée dans le vallon d'Enna, il ne sait rien de ce qui se passe au dehors. C'est pourquoi, lorsque le tonnerre de Jupiter agite l'Olympe, troublé par les dissensions des dieux, on voit Pluton s'élancer de son trône en sursaut, et redouter pour son triste empire l'effet de cet ébranlement général, dont il ignore la cause. Ailleurs cependant Homère dit que Pluton entend, ainsi que les Furies, les imprécations des hommes.
Ayant le pouvoir de rendre invisible qui bon lui semble, il porte un casque qui le rend tel lui-même, et qu'il prête quelquefois aux autres dieux. Suivant Apollodore, ce casque était l'ouvrage des Cyclopes. Il a aussi pour attribut la verge avec laquelle il conduit les morts dans les enfers.


Un dieu impitoyable

De tous les dieux c'est lui qui est le plus impitoyable, et par cela même celui que les hommes détestent le plus. De là ses surnoms d'Adamastos (inflexible), d'Iphthimos, de Pélorios, de Cratéros, de Stygéros (terrible), etc.
Assis dans son palais souterrain, où il siège en juge et en roi, à côté de Proserpine, il ferme son royaume de manière à ce que nul ne puisse s'en échapper. Pour enlever Proserpine, on le voit monter sur un char d'or, traîné par des chevaux noirs. Claudien nomme ainsi ces coursiers: Orphnæus, Aéthon, Nyctéus, Alastor. Selon Apollodore, Pluton avait des troupeaux de bœufs et dans les enfers, et dans l'île d'Erythie.
Ce dieu, dont le caractère redoutable prêtait peu aux gracieuses fictions de la mythologie grecque, ne figure que dans un petit nombre de mythes. Il fournit une épée à Acaste désarmé, et fut vaincu et blessé par Hercule, qui arracha des enfers Thésée et Pirithoüs, retenus parle monarque des ombres pour avoir voulu faire violence à Proserpine. Deux femmes seulement, outre Proserpine, furent aimées de lui: la nymphe Mintha et l'Océanide Leucé. On le fait quelquefois père des Furies.


Le culte de Pluton

Honoré d'un culte peu répandu mais remarquable par un caractère spécial, dans la Grèce et en Italie, ce dieu avait à Élis un temple qui ne s'ouvrait qu'une fois par an. Pylos, Nysa, Coronée, Olympie, lui avaient aussi consacré des édifices ou des bois particuliers. A Athènes, on l'honorait dans le sanctuaire des Furies, et à Trézène dans celui de Diane. Originairement les Grecs l'invoquaient en frappant la terre avec leurs mains, et en lui immolant, la nuit, des brebis noires entre les cornes desquelles on faisait brûler de l'encens, et auxquelles on devait avoir soin de tourner la tête vers la terre. Les cuisses de l'animal étaient particulièrement consacrées au dieu.
Pluton avait des temples à Rome, à Crotone, sur le Soracte. Les Syracusains lui immolaient chaque année deux taureaux noirs, près de la source de Cyané, où il avait enlevé Proserpine. Les premiers habitants du Latium lui immolèrent, dit-on, des hommes. Plus tard, on y substitua des taureaux ou des brebis de couleur noire, qu'on offrait toujours par nombre pair, contrairement à l'usage adopté pour les autres dieux. Avant de les immoler, les prêtres se découvraient la tête, puis ils faisaient écouler le sang dans une fosse préparée d'avance, et réduisaient ensuite en cendres toutes les chairs.
Le 20 juin, jour de la fête de Pluton, son temple seul dans Rome était ouvert. Les criminels qui lui étaient dévoués pouvaient être mis à mort par tous les citoyens indifféremment.
L'adiante, le narcisse, le cyprès, le buis, lui étaient consacrés.


Les représentations de Pluton

Les monuments anciens représentent ce dieu à peu près comme ses deux frères. Seulement, il a des traits plus graves, et est reconnaissable à sa chevelure, qui lui couvre le front. Une ample tunique entoure son corps, et sa tête supporte une couronne. Ses attributs sont la clef, le chien infernal, etc.
On a peu de bustes et de statues authentiques de ce dieu, qui, du reste, a été le plus souvent identifié avec Sérapis.

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